Tourisme culturel…Accéder à la montagne du Morne, à partir du 24 juillet…un projet de jumelage avec Robben Island en cours

Huit ans après l’inscription du Morne au Patrimoine mondial de l’humanité, le gouvernement mauricien a annoncé cette semaine, que l’accès à la montagne du Morne, devient une réalité.

Pour la première fois de notre histoire, on va pouvoir ouvrir l’accès au public, à la montagne du Morne. C’est ce qu’a affirmé le vice Premier ministre et ministre du Tourisme Xavier Luc Duval. Il assure toutefois que ce sera chose faite, sous la responsabilité du ministre des Arts et de la Culture, Santaram Baboo. Ce dernier  déclare que c’est un grand moment pour ce village et toute la nation mauricienne. Soulignant que cette montagne a joué un rôle prépondérant, il annonce l’ouverture d’une route d’accès au pied de la Montagne Le Morne à partir du dimanche 24 juillet à 10h. Selon Dan Baboo, c’est le fruit d’un travail assidu accompli en collaboration avec  le Morne Heritage Trust Fund et le centre Nelson Mandela.

L’ouverture au public à ce site du Morne classé patrimoine mondial de l’UNESCO, est prévu ce dimanche 24 juillet juin. Le ministre Xavier Luc Duval, nous voulons que la sécurité des visiteurs soit assurée. Nous tenons aussi que tout soit prêt pour accueillir les Mauriciens et les touristes sur place. Le ministre du Tourisme avance que l’accès jusqu’au pied de la montagne est un peu long. Il faut faire quelques kilomètres. Une fois le sentier officiellement ouvert, les gens pourront l’escalader jusqu’au sommet.

Il faut bien entendu prendre en considération les conditions physiques de tout un chacun et les conditions climatiques. Xavier Luc Duval avoue et qu’il est déjà monté en passant de l’autre côté. La vue est incroyable. Cela vaut la peine que tout le monde le fasse. D’où la raison pour laquelle, son ministère et plusieurs autres collaborateurs ont mis la main à la pâte pour permettre aux Mauriciens et aux touristes de vivre cette expérience unique.

Ce n’est pas l’unique développement que connaitra, le paysage culturel du Morne. Ce site mauricien classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, est en phase de connaître un jumelage avec Robben Island. Cette île sud-africaine est connue pour avoir vu l’incarcération des prisonniers politiques sud-africains, dont Nelson Mandela.

Esclavage : Une plaque commémorative sera placée sur tous les bâtiments construits par les esclaves 

Déclaration du Premier ministre adjoint, Xavier Luc Duval lors du lancement du livre de Benjamin Mouttou sur l’esclavage intitulée, en début de soirée, hier.  Il a souligné qu’on ne peut pas effacer l’histoire, mais on doit la récréer. Le Premier ministre adjoint a aussi commenté le projet pour la mise en place d’un musée d’esclavage à Port-Louis. Par ailleurs, il a aussi commenté sur l’ouverture d’une voie d’accès à la montagne du Morne ce dimanche. Il a précisé qu’ils ont l’intention de récréer un musée à ciel ouvert au village de Trou Chenille.

Jumelage avec Robben Island

Dans cette perspective, Pascall Taruvinga, Chief Heritage Officer au Robben Island Museum, était à Maurice en juin dernier. Il était accompagné d’une délégation pour discuter des projets communs qui pourront être mis en place. Lors de cette visite, il a pu aussi constater dans quelle mesure leur expertise pourrait être apportée à la finalisation du deuxième plan de gestion du Morne, et solliciter le soutien de Maurice pour la préparation de l’Integrated Risk Management Plan de Robben Island.

De plus, Pascall Taruvinga a accordé une interview à notre confrère du journal Le Mauricien. Invité à parler du but de sa visite à Maurice, le Chief Heritage Officer au Robben Island Museum, a fait ressortir qu’il a surtout été question des projets qui pourront être mis en place une fois le jumelage conclu. Lors de son séjour, il a aussi préparé la cérémonie de signature d’un accord-cadre de coopération entre ces deux sites africains reconnus par l’Unesco comme patrimoine mondial de l’humanité. Ces sites sont des symboles même de l’essence humaine, dit-il.

Ces deux sites ont été témoins des luttes jusqu’au bout, avec l’abolition de l’esclavage pour Le Morne et la fin de l’apartheid ainsi que l’arrivée au pouvoir en 1994 du premier président noir en Afrique du Sud, en la personne de Nelson Mandela.

Pour Pascall Taruvinga, le jumelage de ces deux sites, symbolisent la cohésion sociale dans le processus de construction de la nation. «  Nous voulons nous baser dessus afin de bâtir une meilleure intégration de Maurice et de l’Afrique du Sud au continent africain. »

Avant d’ajouter que des activités conjointes, comme une exposition itinérante, pourront être organisées à l’avenir. Le Chief Heritage Officer au Robben Island Museum, propose également des  liens sur le site internet des deux lieux pour renvoyer le visiteur à l’autre.

Cette relation bilatérale entre les deux sites augurera également la consolidation de l’amitié entre nos deux pays, précise-t-il.

Répondant à une question sur la mise en  en œuvre du “Local Economic Development Plan” du Morne. Pascall Taruvinga explique que le colonialisme et d’autres formes d’oppression ont dépossédé les communautés locales de leurs patrimoines. A Robben Island, les autorités essaient de trouver des solutions durables pour inclure la participation des communautés, qui jusqu’ici n’ont pu bénéficier de leur héritage, dans la prise de décisions. Au Morne, le même scénario pourrait être mis en place, pour améliorer et rehausser la participation communautaire. Il ajoute que toutefois, les consultations ne doivent pas être des événements isolés car il faut pouvoir créer une relation durable entre partenaires.

Parlant du rapport de l’état de conservation du site, Pascall Taruvinga, est d’avis qu’une fois qu’un site devient patrimoine mondial de l’humanité, l’autorité qui le gère doit tous les ans soumettre ce rapport. C’est un processus de conformité auquel est soumis l’autorité concernée et les partenaires s’attendent à ce que celle-ci, à son tour, leur fasse un rapport.

Pascall Taruvinga a aussi affirmé que l’accord-cadre de coopération sur Robben Island sera, le 18 juillet, date d’anniversaire de Nelson Mandela.  A cette occasion, une délégation mauricienne fera le déplacement, pour assister à cet événement.

Bientôt un musée sur Le Morne

Le ministre du Tourisme Xavier Duval prévoit encore d’autres développements par rapport au Morne. La création d’un musée est à l’étude.

La fondation en charge du site du Morne situé dans le Sud-Ouest de l’île Maurice se penche en ce moment, sur la création d’un musée sur l’esclavage et mettre ainsi en avant le marronnage. Ce lieu de mémoire verra le jour à Port-Louis. C’est l’’ancien hôpital militaire (Trou Fanfaron) construit à l’époque de Mahé de La Bourdonnais et inauguré en 1740, qui a été choisi pour accueillir le musée de l’esclavage.

Ce musée sera un lieu de rappel de la montagne du Morne Brabant (556 m) qui a été un haut lieu du marronnage à Maurice durant la période de l’esclavage. L’esclavage, qui a été aboli à partir de 1835 sur l’île. Et,  en 2008, il a été classé comme patrimoine mondial de l’UNESCO.

La création d’un musée de l’esclavage a été recommandée par la Commission Justice et Vérité. Le 7 avril dernier, le conseil des ministres a pris note de la proposition faite par le comité mis en place pour se pencher sur ce projet.

Ce musée mettra en exergue l’étude de l’esclavage et de la traite négrière dans l’océan Indien, la compilation et la préservation des documents de ce lieu riche en souvenirs et en découvertes. En effet, il y a une dizaine d’années, plusieurs grottes avec des traces de vie estimées à la période hollandaise, ont été découvertes. Elles attestent les récits oraux sur l’Histoire du Morne associés à l’esclavage à l’île Maurice durant la période colonialiste, transmis au fil des générations.

La mémoire orale de l’Histoire, fait état des Esclaves Noirs en fuite, qui venaient se réfugier sur la montagne du Morne. La forêt dense et la montagne formaient une protection naturelle, gardienne de la liberté des Marrons pourchassés par leurs maîtres qui lançaient à leur poursuite des chasseurs et des chiens pour les réassigner à la servitude ou les tuer. Qu’ils soient d’origine malgache, créole, mozambicaine, d’inde ou du Zanzibar, les Marrons s’abritaient sur les hauteurs et le plateau du Morne. Commençait alors le Marronnage.

L’histoire raconte également le triste destin des Marrons, après l’abolition de l’esclavage. Voyant des hommes approcher ils s’enfuirent et, acculés au bord de la falaise, préférèrent se jeter dans le vide plutôt que d’être pris. Ils ignoraient la proclamation officielle de la fin de l’esclavage.

Du XIXe au XXIe siècle la mémoire du Morne des Esclaves Noirs et du Marronnage est véhiculée par la population Créole de l’île Maurice dont une majeure partie habite la région du Morne et la montagne Chamarel. Une Mémoire qui se raconte de génération en génération par la parole, l’expression musicale, l’art, la poésie…

Les grandes dates

2004 – L’UNESCO proclame l’Année internationale de commémoration de la lutte contre l’esclavage et de son Abolition

2004 – Le Morne est inscrit au Patrimoine national de l’île Maurice auprès du Mauritian National Heritage

1er février 2005 – Pour la première fois Le Morne est à l’honneur lors de la commémoration du 170e anniversaire de l’Abolition de l’esclavage à l’île Maurice.

2007 – Le Mauritian National Heritage dépose une requête auprès de l’UNESCO pour inscrire le Morne     au Patrimoine mondial

6 Juillet 2008 – le Morne est inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO sous l’appellation de Paysage culturel du Morne, marquant la reconnaissance du site historique en mémoire à l’Esclavage et à la période coloniale de l’île Maurice.

1^er février décrété férié à Maurice en 2001. Ainsi chaque année plusieurs activités ont lieu pour commémorer l’Abolition de l’Esclavage à l’île Maurice