Ouverture totale des frontières le 1er octobre : regain d’optimisme chez les professionnels du tourisme

La réouverture complète des frontières mauriciennes se précise. A partir du 1er octobre 2021, aucune restriction sanitaire ne sera imposée aux voyageurs étrangers à condition qu’ils soient vaccinés. Cette ouverture totale de nos frontières permettra la reprise graduelle du tourisme, comme l’a expliqué le ministre de tutelle, Steven Obeegadoo dans une récente déclaration à la presse. À trois semaines de la reprise, comment s’organisent les choses chez les professionnels de ce secteur ? Le pays est-il prêt pour accueillir à nouveau des touristes ? Eléments de réponses…

Après deux années de vaches maigres, les nouvelles encourageantes s’enchaînent pour le secteur touristique, qui s’autorise désormais à rêver à une saison faste cet été. En effet, le gouvernement a pris la décision de rouvrir complètement nos frontières aux voyageurs vaccinés à partir du 1er octobre prochain. Les voyageurs étrangers vaccinés auront ainsi accès à l’île sans restriction, sous réserve de produire à l’arrivée un test PCR de moins de 72 heures.

En ce qu’il s’agit des voyageurs non-vaccinés, ces derniers devront réserver un séjour de quarantaine dans un hôtel accrédité par les autorités. Cette réservation comprendra les repas et les transferts et un séjour de 7 jours dans leur chambre d’hôtel où leurs repas seront servis. Ces protocoles établis par le gouvernement visent à freiner la propagation du coronavirus dans le pays. Ce modèle, cependant, rassure les opérateurs du secteur, qui sont confiants par rapport à l’engouement des visiteurs pour la destination mauricienne.

Un retour nécessaire à la survie

Nathalie Chaton, une commerçante, qui opère à Flic-en-Flac, a affirmé sans détour qu’il était plus que nécessaire de voir la clientèle touristique revenir en grand nombre. « Il manque toujours 70 % du chiffre d’affaires. On s’est renouvelé, on a modifié ce qu’on pouvait, mais ce n’est pas suffisant. Les commerçants et autres entreprises ici sont tous sous respiration artificielle depuis plus d’un an. Heureusement, il y a les subventions, et le gouvernement a injecté beaucoup d’argent, sinon ça serait fermé un peu partout. C’était une année extrêmement difficile. Vivement l’ouverture des frontières et le retour des touristes à Maurice ! », a-t-elle déclaré.

D’emblée, la jeune entrepreneuse, qui dirige avec son époux deux commerces spécialisés dans la vente des objets de souvenir et d’autres produits artisanaux à Flic-en-Flac, se dit impatiente de voir les touristes revenir sur les plages paradisiaques et les eaux turquoise de notre île. « Sans les touristes à Maurice, il n’y aura plus de devises étrangères qui circuleront dans le pays. Cela entrainera la fermeture de plusieurs entreprises et hôtels qui dépendent majoritairement du tourisme. De plus, de nombreuses personnes se retrouveront sur le pavé et cela pourrait provoquer une crise sociale sans précèdent dans le pays », a-t-elle fait ressortir.

Même son de cloche pour Shane Ah-Young, une habitante de Trou-d’Eau-Douce, qui est au chômage technique depuis la fermeture des frontières. « J’exerce comme une guide touristique auprès d’une agence de voyage de renom. Cependant, avec la fermeture des frontières, j’ai été contrainte de rester à la maison car il n’y avait pas de travail », raconte-t-elle. Cette dernière, qui s’est déjà fait vaccinée, dit attendre avec impatience l’ouverture des frontières afin qu’elle puisse reprendre son job. « Je constate que le retour des touristes à Maurice ne peut plus attendre. Même s’il y a un risque de contamination avec le nouveau variant, soit nous mourons de faim, soit nous mourons de la Covid. Je choisirai la Covid puisque la grande majorité des Mauriciens ont survécu au virus depuis l’année dernière », lâche-t-elle.

Impact de la Covid-19 sur notre économie

La pandémie a durement touché le pays, dont une part importante de l’économie repose sur les revenus générés par le secteur du tourisme. Avant l’irruption de l’épidémie sur l’île en mars 2020, le tourisme et l’hôtellerie totalisaient environ 24 % du PIB et près d’un quart des emplois. Mais au cours de la dernière année fiscale, l’économie toute entière s’est contractée de 15 %. Et le pays s’impatiente de voir revenir ses précieux touristes.

Et justement combien de touristes l’île Maurice pourra-t-elle accueillir en ouvrant ses frontières ? La question se pose. Au mois de mai, le ministre du Tourisme, Steven Obeegadoo avait fait état d’un objectif de quelque 400 000 touristes durant l’année financière 2021-2022, soit jusqu’à juin 2022. Lors de la présentation du Budget, Renganaden Padayachy s’était montré résolument optimiste en tablant sur 650 000 touristes pour les douze prochains mois. La semaine dernière, Statistics Mauritius a livré sa prévision qui est de l’ordre de 325 000 visiteurs pour l’ensemble de l’année 2021.

Arvind Bundhun affiche l’optimisme

Le directeur de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), Arvind Bundhun, affiche un optimisme mesuré mais se déclare confiant que la destination va rebondir d’ici les prochains 12 mois. « Nous allons tout faire afin d’attirer un maximum de touristes d’ici les prochains 12 mois. Je pense que le chiffre de 650 000 touristes en une année est réalisable surtout si Maurice adopte une bonne stratégie de marketing », a-t-il fait ressortir. Ce dernier confie que son organisme a reçu une enveloppe de Rs 420 millions du ministère des Finances en vue de promouvoir la destination mauricienne sur l’échelle internationale. « Depuis le mois de juillet, nous avons lancé la campagne ‘Mauritius Now’ qui vise à promouvoir la destination mauricienne auprès des touristes », a-t-il déclaré.

De plus, Arvind Bundhun confie que l’office du tourisme s’est associé à plusieurs tours opérateurs, agences de voyages et des compagnies aériennes en vue de promouvoir la destination mauricienne auprès des potentiels visiteurs. « La MTPA a également mis en place une stratégie digitale, en vue de promouvoir notre destination en Europe et au Moyen Orient », poursuit-il.

A la question, si le pays est prêt pour accueillir de nouveau les touristes sur notre sol ? Notre interlocuteur répond par l’affirmatif. « Pour le gouvernement mauricien, la sécurité de la population a toujours été au cœur de son action. À aucun moment, il n’y a eu de compromis là-dessus. Avant que toute personne n’entreprenne un voyage à l’île Maurice, elle devra faire un test PCR avant de prendre l’avion. De plus, le pays a déjà atteint l’immunité collective. Ainsi, je trouve que l’ile Maurice est fin prête à accueillir de nouveau les touristes sur notre sol », dixit-il. Arvind Bundhun affirme également que la réouverture des frontières est nécessaire car le tourisme est l’un des piliers importants de notre économie.

Le directeur de la MTPA estime que tous les professionnels opérant dans le domaine du tourisme s’impatientent de la réouverture complète de nos frontières. « Ils sont plus de 120 000 personnes, qui travaillent dans le secteur du tourisme à Maurice, soit environ 20 % de la population active. Outre les hôteliers, restaurateurs, les marchands de plage et autres, avec la réouverture complète de nos frontières, tous les employés de ce secteur pourront reprendre leur travail », renchérit-il.

Cependant, le directeur de la MTPA, Arvind Bundhun n’a pas caché sa colère par rapport à une protestation qui a eu lieu devant le parlement, il y a quelques temps de cela, en vue de décourager les touristes à venir à Maurice. « Je considère cela comme un acte anti patriotique. Qu’on le veuille ou pas, notre pays dépend beaucoup de l’industrie touristique. Outre les 120 000 salariés de ce secteur, il ne faut pas oublier qu’il y a également des planteurs, des chauffeurs de taxi, des marchands de légumes, des entrepreneurs, entre autres, qui dépendent des touristes pour pouvoir survivre. Je demande à ces personnes de se ressaisir », a-t-il fustigé.

Jean Michel Pitot se réjouit de l’ouverture totale des frontières

De son côté, le président de l’AHRIM, Jean Michel Pitot dit accueillir favorablement la réouverture complète de nos frontières prévus pour le 1er octobre prochain. « En effet, le 1er octobre est une date importante car ce sera une relance d’une industrie qui était à plat pendant plus d’un an et donc cela nous offre des nouvelles perspectives. Il y aura peu de clients au début, mais au fur et à mesure, nous allons pouvoir accueillir plus de touristes », affirme-t-il.

Post-Covid : nouvelle approche pour les taximen

La Federation of Hotels Taxi Associations (FHTA) emploie les grands moyens pour la formation de ses membres avant la réouverture des frontières prévue le 1er octobre.

C’est en collaboration avec le ministère de la Santé, ainsi celui du Tourisme, le NPCC, le Tourism Authority et l’AHRIM, que ces cours portant sur le protocole sanitaire pour les taximen se tiennent dans les différents centres à travers de l’île.

Le coup d’envoi a été donné le jeudi 9 septembre.

Chaque chauffeur de taxi aura une session de formation gratuite de deux heures et obtiendra un certificat.

Un calendrier a été établi afin de faciliter le déplacement pour les taximen venant de différentes régions.

À noter que seuls les taximen, ayant la carte de vaccination ou un certificat de test PCR négatif, auront accès à cette formation.

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