Cette année, le salon du tourisme World Travel Market (WTM) London a repris de belles couleurs et marqué le retour en force du tourisme mondial. Les exposants étaient présents en grand nombre. Idem pour les visiteurs. Bref le WTM a connu un succès retentissant.
L’immense bâtiment Excel était occupé par les exposants. Aucun zone vide comme cela avait été le cas l’année dernière. Du côté des visiteurs, la foule des professionnels avait largement répondu présente, avec des cohues sympathiques à l’ouverture des portes. Et cela malgré la grève des trains britanniques, annulée à la dernière minute, ce qui a malheureusement semé un chaos total dans le système ferroviaire pendant les trois jours du salon et a empêché la venue de beaucoup de visiteurs non londoniens.
Comme d’habitude, lors du WTM, ce sont les stands des destinations qui attiraient en premier lieu le regard, comme les très élégants stands d’Abu Dhabi et de l’Arabie Saoudite. Ces exposants s’affichaient comme la nouvelle destination et qui, outre son stand principal, montrait ses ambitions avec un stand pour présenter son immense projet sur la Mer Rouge (Red Sea Global Project) et un autre pour NEOM, l’autre projet pharaonique au cœur des montagnes.
Les pays de la région Asie rivalisaient de jolis décors et d’animations, comme les Philippines, le Vietnam ou comme l’Inde dont certaines des régions avaient leurs propres stands, Kerala et Karnataka entre autres.
Le grand stand de la Thaïlande qui vient de rouvrir ses frontières aux voyageurs était particulièrement animé.
Côté îles, les Maldives, comme les Seychelles ont eu pas mal de succès. Cuba est resté peut-être un petit peu en retrait comparé aux années précédentes, mais cela restait quand même « business as usual ».
Le Maroc disposait d’un fort joli stand, mais selon les experts, celui qui a le plus marqué les esprits c’est le tout nouveau stand de la Grèce entièrement recréé pour cette occasion et dont l’élégante simplicité faisait la fierté de Vassilis Kikilias, le Ministre du Tourisme grec et de Dimitris Fragakis , le grand patron de l’Office National Grec du Tourisme.
Présence de Maurice : « Début 2023, nous reviendrons au chiffre d’avant Covid-19 » a affirmé le ministre Obeegadoo, lors du WTM
Maurice aussi été présent au WTM. A cette occasion, le ministre du Tourisme, Steve Obeegadoo s’est dit optimiste quant à l’objectif d’un million de visiteurs ciblé. Concernant les opérateurs du secteur, ils sont animés de sentiments mitigés.
De janvier à octobre, 755 655 touristes ont visité l’ile. Ce sont là, les derniers chiffres publiés par Statistic Mauritius par rapport aux arrivées touristiques. Pour la période correspondante en 2021, ils étaient seulement 63 894 à visiter Maurice. Pour ce qui est des arrivées touristiques pour le mois d’octobre, le pays a accueilli 117 523 visiteurs et parmi nos principaux marchés, la France occupe la première place avec 174 759 touristes suivie de la Grande-Bretagne avec 113 184 visiteurs. Les revenus enregistrés le même mois se chiffrent à Rs 3 milliards. Si le ministère du Tourisme cible un million de touristes d’ici décembre, c’est à se demander si ce chiffre sera atteint car nous sommes déjà entrés dans la haute saison touristique et il reste moins de deux mois pour atteindre cet ambitieux objectif.
Interrogé par la British Broadcasting Corporation, alors qu’il se trouve au World Travel Market à Londres, Steven Obeegadoo, ministre du Tourisme, a affiché l’optimisme par rapport à ce secteur qui représente 20 % du Produit intérieur brut (PIB). «Avant le Covid-19, nous avons l’habitude d’accueillir 1,4 million de touristes annuellement. Pour vous dire comment le tourisme est important pour nous (…) Nous avons vécu la pire récession de l’histoire économique avec une contraction d’environ 15 % de notre économie. C’était un impact terrible. Depuis la réouverture, nous avons une croissance forte et régulière. Pour le mois d’octobre, nous avons un taux de récupération (recovery rate) de 90 %. Nous sommes presque au même niveau qu’en 2019 en termes d’arrivées touristiques”, a-t-il affirmé à la journaliste.
Le ministre Obeegadoo, estime que la pandémie nous a permis de tirer des leçons en termes de résilience et de flexibilité. «Les choses se présentent très bien à court terme. Jusqu’au début 2023, nous devrions revenir au chiffre d’avant le Covid-19. Les touristes séjournent plus longtemps et dépenser davantage.»
Qu’en pensent les opérateurs du secteur? «Nous restons optimistes. Mais, selon moi on ne va pas arriver à un million de touristes,” explique Daniel Saramandif, président de l’Association of Tourism Professionals. Il ajoute que c’est en raison du retard à mettre en place des stratégies pour attirer les touristes. Il cite l’exemple de La Réunion. «Nous avons raté la haute saison à La Réunion. On est à presque mi novembre. On n’attend que les arrivées de décembre.»
De son côté, Umarfaroog Omarjee, directeur d’Omarjee Holidays, estime que les arrivées touristiques devraient se rapprocher d’un million si on analyse le taux de remplissage et le taux de fréquence. «Beaucoup de compagnies aériennes ont augmenté leurs fréquences et les taux de remplissage sur les avions. Ce qui est très bien pour le secteur. Du 15 au 31 décembre, les vols charters, en provenance de certains pays européens, vont atterrir. On aura plus d’arrivées touristiques. Tous les hôtels sont complets pendant cette période. »
Selon le directeur d’Omarjee Holidays, à partir du 15 novembre et ce jusqu’au 31 décembre, les compagnies aériennes affichent un taux de remplissage dépassant les 90 %. « C’est notre première haute saison après le Covid-19. Elle s’annonce assez positive. On reprend notre souffle. On note qu’il y a de plus en plus d’intérêt pour la destination.»
Du côté de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’ile Maurice (AHRIM), son président, Désiré Elliah, affiche aussi sa confiance. « Nous sommes confiants de faire un million de touristes pour 2022. En termes d’occupation, nous sommes au même niveau qu’en 2019, avant la pandémie. » Dans son discours à l’assemblée générale de l’AHRIM, le 27 octobre, il avait déjà donné des indications sur le secteur.
Désiré Elliah avait affirmé que « les arrivées touristiques sur certains marchés ont excédé le niveau pré-pandémique. La barre du million de touristes – objectif symbolique pour lequel nous avons tous tant travaillé -, nous nous apprêtons à la franchir. Il a ajouté que «la situation pour les trois prochains mois est certes des plus rassurantes.
Cependant, il déplore le manque de visibilité au-delà de janvier. Il estime qu’il est crucial que nous maintenions nos efforts pour décrocher ces vols supplémentaires, qui nous permettront d’atteindre les 1,4 million de visiteurs. « C’est maintenant que cela se joue. Le phénomène du ‘revenge travel’ durera encore quelques mois. Ensuite, le vent pourrait ne plus être favorable. A en croire le Fonds monétaire international, la croissance ralentira à la mi-2023»
De plus, le secteur a besoin des super ‘connectors’ et de leurs gros-porteurs pour améliorer la capacité et la compétitivité de la destination. Par ailleurs, Désiré Elliah est d’avis qu’Air Mauritius a un rôle prépondérant à jouer dans le tourisme. D’où le besoin «de soigner notre transporteur national. « L’attractivité dont bénéficie, ces jours-ci, notre destination va certainement attirer l’attention des compagnies aériennes. Rétablir pleinement Air Mauritius nous permettra de consolider cette confiance et de concrétiser de fructueux partenariats pour de nouvelles dessertes.»