
-Le Government Wage Assistance Scheme a sauvé le secteur touristique d’une mort certaine
- -Il se dit pour la continuation de cette aide, mais sans mettre le pays en faillite
- -Parlant de la vaccination, José Hitié dira que c’est une obligation envers la société.
Dans une interview, accordé au journal Le Mauricien, José Hitié, fondateur et Managing Director de Varangue-sur-Morne a parlé, entre autres, de la réouverture des frontières, du protocole sanitaire, de la promotion faite pour attirer les touristes… et du Government Wage Assistance Scheme. Concernant justement cette aide de l’Etat, José Hitié affirme que si le gouvernement n’avait pas soutenu l’industrie touristique, et cela depuis 18 mois, cela aurait signé l’arrêt de mort de ce secteur.
« Il faut dire chapeau au gouvernement », dixit José Hitié. « Depuis presque 18 mois, le gouvernement nous donne une somme fixe. Aujourd’hui, je suis fier de dire qu’on a déjà eu le remboursement pour le mois d’août. Il y a quand même eu des mois où on a eu un remboursement trois semaines après. » Heureusement, les banques commerciales aident pour cet Overdraft. Répondant à la question, s’il faut étendre cette aide. Ce pionnier de l’industrie touristique rappelle que le ministre des Finances a soutenu que le gouvernement est en train d’étudier la possibilité d’étendre cette assistance. Or, ajoute-il, il ne faut pas mettre le pays en faillite en continuant d’accorder cette assistance. Peut-être faudrait-il chercher une formule d’assouplissement graduel vers zéro plutôt que de rompre cette assistance d’un seul coup. Il ajoute que c’est très facile d’avoir accès aux chiffres d’affaires des compagnies et à partir de là, calculer l’assistance financière.
Concernant le nouveau protocole sanitaire invitant le personnel des restaurants à se faire vacciner, José Hitié salue cette initiative. Avant d’ajouter qu’au sein de son entreprise, il a, dès le début, encouragé son personnel à se faire vacciner. « Nous n’avons pas forcé les employés mais nous avons expliqué que le gouvernement est en train de faire de gros efforts pour avoir les vaccins, que le gouvernement nous aide à vous payer tous les mois grâce au Government Wage Assistance Scheme. Je crois que c’est la moindre des choses en retour de se faire vacciner. En sus de cela, vous n’avez rien à payer. Il faut se faire vacciner parce que je suis sûr que lorsque les frontières vont s’ouvrir, la première chose que le gouvernement va nous demander, c’est la vaccination. »
Il fallait s’attendre que cela devienne une obligation, poursuit-il. « Mais moi, je crois que les Mauriciens dans leur ensemble doivent se dire à un certain moment qu’on a une obligation envers la société, » dira José Hitié dans cet entretien.
Abordant la question des marchés traditionnels, dans le secteur touristique, José Hitié devait répondre que changer de marché ne va pas se faire du jour au lendemain. Il faut que les choses changent à Maurice.
Pour changer des marchés traditionnels, il faut d’abord changer ce qu’on offre. Si on continue à offrir aux touristes des plats comme dans un restaurant, on va s’étouffer. Chaque pays dispose de son étiquette de mieux-vivre de culture en culture. Pour un Français, c’est visiter, c’est bien manger, voir un musée, etc. Mais ce n’est pas nécessairement le cas pour un touriste chinois et ou touriste indien.
Par ailleurs, le fondateur et Managing Director de Varangue-sur-
Morne, a pointé du doigt l’All Inclusive. Il est d’avis qu’il faut faire venir les touristes pour qu’ils apprécient l’île dans son ensemble. Même avant la Covid-19, dit-il, nous avons toujours eu un problème avec ce qu’on appelle l’All Inclusive. Prendre les touristes, les emmener ici avec l’All Inclusive pour rendre leur produit compétitif. Mais au fait, c’est une grave erreur parce que les touristes ne visitent pas le pays. Et, maintenant, avec la réouverture des frontières, les gens vont venir dans l’île pour rester plus encore dans les hôtels pour deux raisons : la santé et le Super All Inclusive, c’est-à-dire, le service à l’aéroport, les facilités de spa, tout cela pour que le client n’aille pas chez les voisins.
Toutefois, ce pionnier du secteur touristique dit être confiant en l’avenir avec l’ouverture des frontières, car depuis ce mardi 7 septembre, ils ont reçu des réservations pour des Allemands qui viennent dans son restaurant depuis des années. Cela est positif car Maurice est toujours bien placée et ils ont choisi de ne pas aller ailleurs et de venir comme d’habitude à notre restaurant. De plus, Varangue-sur-Morne a reçu également des réservations pour novembre et décembre. « Disons que l’ambiance dans le tourisme commence à devenir tiède. Jusqu’ici, elle était froide. Cela a tendance à être chaud. Pour le moment, c’est tiède. J’espère que d’ici à la fin de l’année, cela va devenir chaud, » dira José Hitié.
Commentant la promotion faite avant l’ouverture des frontières, José Hitié salue le lancement du grand aquarium. « Je félicite cette initiative et c’est un joli investissement » dit-il. Toutefois, la compétition est féroce, car Seychelles, par exemple, est en train de se mettre sur la carte du monde à travers de la presse internationale, des sanctuaires marins.
Le fondateur et Managing Director de Varangue-sur-Morne est d’avis qu’il faut changer le Branding et la stratégie du marketing. « J’ai eu une formation dans l’industrie sucrière après mon BSc Honors en Sugar Technology. J’ai quitté l’industrie sucrière après deux ans et cela a été ma plus grande décision. Aujourd’hui, l’industrie sucrière est devenue l’industrie cannière. Il faut accepter l’évolution. » précise-t-il.
Selon José Hitié, l’industrie du tourisme va changer de nom un jour. L’industrie touristique deviendra plus tard l’industrie du bien-être et du mieux-vivre. Or, pour que cela devienne une réalité, il faut que les Mauriciens, qui reçoivent les touristes, sentent un bien-être et un mieux-vivre. Il en est de même pour les touristes. Cela veut dire que lorsqu’ils viennent ici, ils sont ici comme à Paris et ils viennent ici pour mieux vivre. Lorsque cet équilibre sera trouvé entre le mieux-vivre mauricien et le bien-être du touriste, on aura atteint la satisfaction totale.
Cela ne va pas arriver en un claquement de doigt, mais il faut rester confiant.
Hors texte
Varangue-sur-Morne face à la COVID
Ancien président du National Park Council et du comité stratégique Maurice île Durable, José Hitié est l’un des pionniers de l’industrie touristique à Maurice.
En 1992, il a lancé son restaurant Varangue-sur-Morne, sans eau, sans électricité, sans téléphone. Aujourd’hui, le complexe dispose d’un restaurant pour des centaines de couverts. Toutefois en raison de la COVID, avant même la fermeture de nos frontières, ils ont enregistré des annulations des clients chinois ou encore ceux de bateaux de croisière de renom comme le Queen Mary.
Avec la fermeture des frontières, la route de Chamarel est devenue complètement déserte. « Le pire, c’est que cela n’a pas changé depuis la levée des restrictions », soutient-il. « Cela a été dur pour nous. Nous avons bien essayé d’ouvrir après le confinement pour la clientèle mauricienne, mais cela a très peu marché, y compris pour les fêtes de fin d’année. »
Du coup, le 10 janvier 2021, Varangue-sur-Morne, a cessé ses opérations, Et, voilà qu’en mars, un nouveau confinement, les empêchent de travailler. Heureusement, le 2 juillet, le restaurant a finalement rouvert ses portes. Mais le business tourne au ralenti. D’abord parce qu’il n’y a pas de touristes et, ensuite parce que les Mauriciens font attention à ne pas trop dépenser. En revanche, Varangue-sur-Morne a reçu beaucoup de couples et ont célébré des anniversaires.
Et maintenant, ils attendent avec impatience l’ouverture des frontières prévu pour le 1er octobre.
Projet
José Hitié est réputé pour ses idées innovatrices dans le domaine touristique. En ce moment, il a un projet avec d’autres investisseurs. Le projet est nommé ‘Eden Holitisc Retreat’, qui est basé sur la formule “bien-être, mieux vivre” où les Mauriciens peuvent trouver leur bien-être ici. Eden, c’est parce qu’il y a une source d’eau ici, qui s’appelle la source d’Eden. « C’est un projet qui est toujours au stade de réflexion avec des promoteurs. Nous disposons aussi d’un hélipad ici. Cela rend service aux gens qui viennent manger et ceux qui veulent pratiquer l’“under sea walk” au Morne », dira José Hitié.